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ANECDOTES HISTORIQUES

SUR

LIMOURS

PETITE VILLE DE L'ISLE DE FRANCE,

 

DIOCÈSE, GÉNÉRALITÉ ET ÉLECTION DE PARIS (1)

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M.DCC.LXXVIII

(1) Bibliothèque nationale. Manuscrit 14.441. - Papier, 51 feuillets.

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A Son Altesse Madame la comtesse de Brionne et de Limours.

 

Madame,

Un zèle patriotique m'a induit à faire ce petit ouvrage que j'ai l'honneur de vous présenter. J'aurais souhaité que mes talents eussent répondu à mon zèle, mais je me flatte que Votre Altesse voudra bien; pardonner la faiblesse de l'ouvrage et ne voir que le respectueux attachement avec lequel je prends la liberté de me dire, de Votre Altesse,

 

Le très humble et très obéissant serviteur,

Prévost

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ANECDOTES HISTORIQUES SUR LIMOURS

DESCRIPTION DE LIMOURS

Limours est qualifié ville dans le dénombrement publié en 1745, par le sieur Doisy, et dans le dictionnaire géographique par M. Vosgien, chanoine de Vaucouleurs, édition de 1759, page 389, et dans plusieurs titres d'héritages qui sont dits tenir aux murs de la ville; cependant il ne reste aucun vestige de ces murs, mais si l'on considère les changements que les embellissements faits au château et l'agrandissement de son parc ont occasionnés en différents temps, on ne sera pas surpris qu'il n'y paraisse ni murs ni portes, néanmoins ce qui ferait croire qu'il n'y en a point eu, c'est que la tradition du pays est que du temps qu'Henri IV faisait le siège de Paris, le château de Chevreuse était une de ses places d'armes, et que la garnison qu'il y tenait étant assez mal payée faisait de petits détachements de 20 et 30 hommes qui allaient à la picorée dans tous les environs, et les habitants de Limours, pour se défendre contre ces parti, fermaient les avenues de leur ville avec des tonneaux remplis de terre en forme de gabions, entre lesquels on fusillait.

Un autre événement où il est question de Limours, c'est que sous Charles IX, le prince de Condé qui prenait la qualité de Lieutenant général pour le Roi dans tout le royaume, et qui commandait une armée de huguenots forte de 9.000 hommes de pied et de 4.000 chevaux, marcha, le 9 décembre 1562, vers Paris, dans le dessein de donner deux assauts, l'un au faubourg Saint-Marceau et l'autre au faubourg Saint-Germain, mais ayant été prévenu par le duc de Guise qui commandait l'armée royale et ne pouvant plus subsister autour de Paris, il fut obligé de reprendre le chemin de la Beauce : il alla camper à Palaiseau et de là à Limours, puis au château de Saint-Arnoult ; le 16, il alla camper à Ablis, puis à Gallardon et de là à Dreux, où il se donna à la bataille qu'il perdit.

Tandis qu'il était à Limours, ses troupes se répandirent dans les environs et surtout à Pecqueuse, dont la seigneurie appartenait au prieuré de Long-Pont sous Montlhéry; elles détruisirent le village dont les habitants s'étaient sauvés dans les bois; il y avait près de là une terre appelée Hermeri aussi à ces moines, qui fut si bien détruite qu'elle a tout à fait disparu; il est parlé de cette terre dans le cartulaire de Long-Pont, à l'année 1100.

Cette petite ville de Limours consiste en une place carré - long, entourée de maisons qui se tiennent; une fort belle halle occupe le milieu de cette place; l'église paroissiale en termine le bout du côté du levant.

Elle n'est guère susceptible d'agrandissement, étant bornée du levant derrière l'église par le parc (du château, au midi par le château et par un couvent de Picpus (Aujourd'hui Mme Grippon (F. L.), au couchant par la maison et parc de M. de Chavanne (Aujourd'hui M. de Vergés (P. L.), conseiller de grand-chambre, et au nord par une butte appelée de temps immémorial la butte du Moulin-à-Vent.

La tradition est qu'il y en a eu un que les dégradations de la butte occasionnées par les ravins ont fait disparaître.

Un bourgeois de Paris, qui possède quelques biens dans la paroisse, vient, pour la commodité des habitants, d'y en faire construire un, avec une maison pour le meunier.

L'usage des moulins à vent est déjà assez ancien ; l'on prétend qu'il a été apporté en Europe du temps des Croisades ; il avait été imaginé en Orient pour suppléer au défaut d'eaux courantes (V. Le Manuel du meunier. Ed. de 1755, p. 6.)

Un trait historique que l'on trouve dans l'Histoire du diocèse de Paris, article de la paroisse de Gonesse, doyenné de Montmorency, semble effectivement indiquer le temps des Croisades. Le voici :

Les religieux de Royaumont se plaignirent en 1275, au Parlement, qu'un moulin à vent (qu'ils qualifient de nouvelle machine), que Pierre de Belloi venait de faire édifier sur sa terre, faisait tort à leurs moulins sur la rivière de Croult à Gonnesse, ils ne furent point écoutés. Le Parlement jugea que chacun était maître sur sa terre.

Pour en revenir au nouveau moulin à vent de Limours, il ne sera pas hors de propos. de rapporter ici les vers que le P. Bruno, religieux Picpus du couvent de Limours, a faits sur ce moulin (C'est par erreur, ces vers sont de M. Barrois, ancien payeur des rentes.) :

Passant, vois ce moulin et lis cette apostille.

Prévost pour l'élever n'écouta que son coeur.

Il plaît à la princesse, est utile à la ville. (*)

Dans ce double motif il trouve son bonheur.

(Son Altesse Mme la comtesse de Brionne à présent comtesse de Limours)

Dans le dictionnaire ci-dessus cité, Limours est dit situé à huit lieues sud-ouest de Paris, dans le Hurepoix : ce pays aujourd'hui fort petit et peu connu, était du temps de Charlemagne plus considérable, suivant ce qui en est dit dans le premier volume de juillet 1777 de la Bibliothèque des romans, page 169, qui lui donne Dourdan pour sa capitale, et ajoute qu'il semble que le Maine et l'Anjou en faisaient partie du temps de ce prince.

Maintenant le Hurepoix est bordé, au nord, par le Pincerais, autre petit pays dans lequel était le Val de Galia, aujourd'hui Versailles et ses environs ; au levant par le pays de Chârtre; au midi, par le pays Étampois, et au couchant par la Beauce.

Limours selon M. l'abbé Leboeuf dans son Histoire du diocèse de Paris, tome IX, p. 179, était nommé anciennement Limoux et Limors, que l'usage aujourd'hui fait écrire Limeurs ; il cite à ce sujet une charte du roi Childebert, de l'an 703, rapportée dans la diplomatique de dom Mabillon, dans laquelle il est parlé de Limoux au pays Étampois, ce qui doit s'entendre de notre Limours, qui n'est éloigné d'Étampes que de cinq lieues. Et le pays Étampois a été jadis beaucoup plus étendu qu'il ne l'est à présent.

Il cite encore la donation que fit, l'an 1091, Geoffroy, évêque de Paris, de l'église de Limours à Baudry, abbé de Bourgueil en Anjou, et ce lieu y est nommé Limors ; l'on sait que dans ces temps-là il n'y avait guère que les moines qui fussent un peu instruits; les évêques leur donnaient les cures à desservir; ils y établissaient une communauté plus ou moins nombreuse, suivant la grandeur de la paroisse, et ce sont ces petites communautés qui, n'ayant plus été nécessaires, sont devenues des prieurés simples, toujours attachés à l'abbaye dont elles avaient été tirées, et les abbés ont conservé la nomination à ces prieurés et aux cures, comme il se voit à Limours, dont le prieuré et la cure sont toujours à la nomination de l'abbé de Bourgueil.

 

ÉTYMOLOGIE DE LIMOURS

M. l'abbé Leboeuf cherche l'étymologie du nom de Limoux, Limors ou Limours, et il soupçonne qu'il pourrait avoir une racine celtique, mais il croit la trouver dans le mot limon, prétendant, d'après le sentiment de M. de Valois, que ce lieu a pu tirer cette dénomination du terrain limoneux entretenu par sa situation dans un petit vallon et sur un torrent fangeux, ce qui n'est pas vrai de Limours; le vallon dans lequel est situé Limours est un fond de sable, sans aucunes sources, et même les puits, qui sont la ressource des habitants, y sont fort profonds, à l'égard du torrent, ce terme seul fait assez connaître qu'il ne peut être fangeux, puisqu'il n'y coule que des eaux sauvages, qu'il ne charrie que du sable et qu'il est très sec vingt-quatre heures après que les pluies ou les fontes de neige ont cessé.

On est bien du sentiment, de M. l'abbé Leboeuf (*) quant à la racine celtique, mais ce n'est pas dans le mot limon qu'il faut la chercher, mais bien dans ceux-ci : Li en langue celtique signifie lieu, à quoi joignant le mot latin Amor, cela fait d'Amour, ou lieu des Amours, d'où, par la suite des temps, on aura fait Limors, puis Limours; mais, dira-t-on, pourquoi ce lieu aurait-il été nommé lieu des Amours? Voici ce que l'on peut conjecturer.

Ce lieu était fort enfoncé dans la vaste forêt des Yvelines, qui était, comme on sait, la principale demeure des druides ; il devait être fort solitaire et il pourrait se faire que du temps du paganisme il y eut en cet endroit un temple ou simplement une grotte dédiée à l'Amour ou aux Amours.

Ce que l'on avance ici sur ce nom, comme une conjecture, semble acquérir une réalité par les archives de l'abbaye de Bourgueil, où ce lieu est nommé Limors. Or, en 1091, l'on était plus voisin de l'étymologie de ce nom; l'on pourrait encore présumer due l'évêque de Paris ne se serait déterminé à faire don de l'église de Limours à cette abbaye que pour tâcher (par les instructions et les pieux exemples que les moines donnaient dans ces temps reculés) de déraciner quelques usages vicieux du paganisme qui se conservaient dans ce canton.

(*) Voir l'abbé Leboeuf sur Limours (Histoire du diocèse de Paris),t. III, édition de 1893, librairie de Féchoz et Letouzey, p. 430 à 437 (F. L.).

La paroisse de Limours, compris les écarts qui sont Chaumusson, le Pomeret, Roussigny et le Cormier, contient environ deux cents feux et à peu près six à sept cents habitants, ainsi qu'il vient d'être exposé par une requête à fin de translation du cimetière hors l'enceinte de la ville, conformément à la déclaration du roi, du 10 mars 1776.

(*) En 1869, la population était de 1.211 habitants; d'après le dernier recensement; elle est de 1207 aujourd'hui. Superficie : 1425 hectares (F. L.).

 

L'ÉGLISE

L'église paroissiale est un bâtiment assez beau, construit en forme de croix, tout voûté mais sans ailes; le milieu de la croix est surmonté d'un petit clocher à flèche, garni de deux cloches; cet édifice a été construit sous le règne de François 1er; au portail sont les armes des Poncher, qui sont d'or au chevron de gueules, brisé en pointe d'une tête de nègre de sable bandée d'argent et accompagnée de trois coquilles de sable, deux en chef et une en pointe. Un Poncher était alors seigneur de Limeurs, comme il sera dit ci-après, et son frère, François Poncher, était évêque de Paris, qui mourut en 1532. Ainsi cette église a dû être bâtie entre 1515, que François ler parvint à la couronne et sa mort ; il y a dans cette église la chapelle seigneuriale à la droite du choeur, qui est titrée de sainte Anne, sans doute à cause d'Anne de Pisseleu, maîtresse de François Ier qui fut dame de Limours après Poncher.

On raconte par tradition qu'un garçon de Limours, qui s'était engagé revenant d'Italie où il avait servi plusieurs années, étant arrivé à la vue du clocher, hésitait s'il entrerait dans Limours qu'il ne reconnaissait plus, la nouvelle église ayant été bâtie et le château tout à fait changé pendant son absence; l'ancienne église avait un clocher terminé en calotte, avec un saint Michel dessus, le tout en plomb.

 

LA CHASSE DE SAINT MARC

On conserve dans cette église des reliques de saint Marc l'évangéliste qui furent, dit-on, apportées de Venise sur la fin du XIVème siècle par Jacques de Montmort, chevalier, chambellan du Roi et gouverneur du Dauphiné, qui était lors seigneur de Limeurs, auquel les Vénitiens les avaient données, en reconnaissance d'un secours considérable qu'il avait mené à la République contre les Génois.

Ces reliques sont dans une châsse de cuivre, sur laquelle est une figure de saint Marc, et au dessous ces mots:

 

MARCUS SACERDOS DISCIPULUS B. PETEI APOSTOLI

 

On y voit aussi trois écussons dont le premier, qui est à droite, porte mi-partie d'argent et d'azur bordé d'or, le deuxième qui est au milieu porte d'argent barré à cinq losanges de gueule et le troisième qui est à gauche porte comme le premier, sinon qu'il est bordé d'or dentelé ; on ne sait pas de quelle maison est celui du milieu, mais les deux autres sont les armes de MM. de Montmort, comme il se voit sur leurs tombeaux dans l'église de Trappes.

Cette châsse occasionna un très grand et très long procès entre l'église de Limours et celle de Briis, où elle avait été mise en refuge pendant les guerres : l'église de Briis fut enfin condamnée à restituer la châsse à celle de Limours. (*)

(*) L'histoire de cette châsse par un religieux du couvent de Limours, imprimée à Paris, in-12, en 1685 et les procès verbaux de la translation.

V. aussi le Mercure de France, 9 novembre 1681.)

 

Après cette restitution, il fut fait inventaire de ces reliques par Antoine Grandet, curé de Meudon, doyen de Châteaufort député à cet effet par l'évêque de Paris; il y eut alors un grand concours de peuple à ces reliques, qui donna occasion d'établir une confrérie de saint Marc ; on voit aujourd'hui à la tête du catalogue des confrères S. A. Madame 1a comtesse de Brionne, comtesse de Limours, S. A. Madame Charlotte de Lorraine, coadjutrice de l'abbesse de Remiremont, S. A. Madame la princesse de Ligne, Monseigneur le duc de Choiseul (*), Madame la duchesse de Villeroi, etc.

(*) Le duc de Choiseul était très lié avec Mme de Brionne ; né en 1719, il mourut en 1785 ; il fut ministre de 1758 à 1770 (F. L.).

M. Baillet, à la fin de la vie de saint Médard, prétend que ces reliques sont plutôt. de ce saint évêque de Noyon, qui, en diverses provinces, est appelé saint Mard, ce qui détruirait l'apport prétendu de ces reliques de Venise, où, dit-on, le corps de saint Marc est encore en entier; il ne faut cependant pas dissimuler, ce qui peut prouver que le corps de Saint Marc ne reste pas en entier à Venise, qu'il y a à l'abbaye de Gercy-en-Brie, quelques reliques de saint Marc évangéliste.

 

LE PROCÈS DE LA CHASSE

L'histoire du procès des reliques de saint Marc l'évangéliste, entre la paroisse de Limours et la paroisse de Briis, est rapportée un peu trop succinctement par Prévost ; nous croyons qu'il est intéressant de la résumer.

Il existe à la Bibliothèque nationale (*), une relation imprimée de l'histoire de ce procès, intitulée ainsi : " Histoire de la translation des reliques du glorieux saint Marc, l'évangéliste et disciple de l'apôtre saint, Pierre, en l'église de Limours. " C'est une relation de cent neuf pages par un religieux de saint François de Limours, écrite en 1685 ; cet imprimé se termine par une appréciation finale sur l'auteur, conçue en ces termes :

(*) Bibl. nat. L7 K 4087 (F. L. ).

En vain Venise tu te vantes

Car vrayment l'on voit dans nos jours

Que du fameux saint Marc la plume très sçavante

Aussi bien que ses os reposent dans Limours.

Nous résumons le récit du moine de Limours et nous faisons suivre ce résumé de la relation, donnée dans le Mercure, de la cérémonie du 9 novembre 1681.

Le religieux de Saint-François qui écrit, cherche d'abord la preuve que les reliques qui se trouvent à Limours sont bien celles de saint Marc; il expose ensuite les faits, à savoir le don de ces reliques par de Montmort à Limours; d'après lui, les évêques n'auraient pas autorisé l'exposition de ces reliques, s'il ne leur avait pas été démontré qu'elles étaient de saint Marc; les armes qui sont sur la châsse sont les armes de Montmort et elles corroborent le récit du don.

De plus le procès qui eut lieu entre Briis et Limours témoigne de l'authenticité de ces reliques. Il y avait une chasse et deux petits reliquaires, contenant, l'un, la mantonnière, l'autre, le bras de saint Marc; le 30 octobre 1480, l’église de Limours revendiqua la châsse et les reliquaires, soutenant que si ces reliques se trouvaient à Briis, c'est qu'elles y avaient été déposées par les fidèles de Limours pendant les guerres de Jean de Bourgogne (né en 1368, mort en 1422) sous Charles VII tout au début du XVème siècle.

L’église de Briis soutenait, au contraire, que ces reliques lui avaient été données par MM. de Montmort; il y eut des enquêtes en 1479, 1480, 1481 et 1494.

L’affaire fut jugée en 1507 par l'official de Paris (qui condamna Briis à rendre le corps de saint Marc et les deux reliquaires. En 1509, confirmation de cette sentence par l'official de Sens, juge supérieur.

En 1511, sur appel, l'official de la Primatie de Lyon fit une descente à Briis, à Trappes et à Paris et décida que la grande châsse serait rendue à Limours et que Briis conserverait les reliquaires.

Mais on se pourvut à Rome qui commit des juges pour instruire l'affaire.

L'église de Limours demanda des lettres patentes pour exécuter les sentences antérieures.

Il y eut une descente du Parlement accompagné de M. l'Official, et MM. les grands vicaires de Paris; il y eut rébellion, emprisonnement de plusieurs habitants de Briis et on décréta ajournement personnel contre le seigneur de Briis et autres de ses vassaux et sujets.

En 1513, les deux églises s'accommodèrent; Briis rendit le tout à Limours et paya les dépens ; le procès avait duré trente-quatre ans.

Le religieux examine ensuite les sentences rendues; il résulte des enquêtes qu'au commencement du XVème siècle, un sieur Robert avait caché les reliques du saint, dans l'église, que l'église fut détruite et qu'on craignit que ces reliques ne fussent enlevées; Robert revint de Nogent où il habitait, enleva les reliques de l'église, et les déposa à Briis ; l'église de Briis prétendit que Limours était devenu inhabité pendant trente-six ans et était devenu une forêt qui ne servait que de retraite aux loups.

Le moine de Picpus fait, le dénombrement d'après un procès verbal du 29 juin 1635 des ossements qui sont dans la châsse de saint Marc

Six grands os, les deux fémurs, les deux brachions, etc.

 

LA CÉRÉMONIE DU 9 NOVEMBRE 1681

(Le Mercure L2 C33 Bibl. Nat.)

La foule a été grande dans la cérémonie qui fut faite à Limours le dimanche 9 de novembre 1681, pour la translation des reliques de saint Marc, d'une vieille châsse dans une neuve. Mgr l'archevêque de Paris ne pouvant aller la faire en donna la permission à Mgr l'évêque de Bayeux, frère de M. le président de Némond, qui se rendit à Limours, ;accompagné de M. l'abbé de la Mothe, chanoine et archidiacre de l'église de Paris. Le Mercure sait quel est le mérite de cet abbé. C'est lui qui a travaillé si utilement sous feu M. de Péréfixe à rétablir la juridiction archiépiscopale dans le faubourg Saint-Germain, en détruisant celle que l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés exerçait depuis sept cents ans. Aussi ce prélat avait pour lui tant d'estime, que lui voulant donner en mourant de nouvelles marques de sa confiance, il le fit exécuteur de ses dernières volontés.

Les habitants de Limours ayant fait orner magnifiquement leur église, ainsi que les trois autels qui furent chargés d'un nombre infini de cierges, on chanta Matines après lesquelles Mgr de Bayeux, revêtu de ses habits sacerdotaux, commença la cérémonie par les prières accoutumées. Il bénit ensuite la nouvelle châsse et on alla processionnellement prendre l'ancienne dans l'endroit où elle avait toujours été mise. M. l'abbé de la Mothe l'ayant apportée près du grand autel et posée sur une table préparée à ce dessein, ce prélat en fit l'ouverture et en tira les reliques qu'on montra au peuple à qui on permit de les baiser sans qu'elles fussent couvertes. Il demeure pour constant que ces reliques furent apportées par de Montmort... Après la messe, qui fut célébrée pontificalement par Mgr l'évêque de Bayeux, M. et Mme de Baville, qui assistèrent à cette cérémonie avec quantité de personnes de qualité, régalèrent ce prélat et les principaux officiers dans le château de Limours. On chanta les vêpres avec beaucoup de solennité et ensuite on commença la procession à laquelle se trouva un concours de monde inconcevable. Les frères de la confrairie de Saint-Marc, chacun un cierge à la main, précédaient le clergé qui était en chapes aussi bien que Mgr l’évêque de Baveux et M. l'abbé de la Mothe. Ils suivaient tous deux la châsse que deux ecclésiastiques, revêtus d'aubes, portaient sous un dais. Mme de Baville et toutes les autres dames marchaient après eux avec un cierge allumé. La procession alla au couvent de Picpus où tous les religieux vinrent recevoir la châsse à la porte de l'église. Elle fut exposée sur le maître-autel et après quelques antiennes chantées en l'honneur du saint, les religieux se mirent à la tête du clergé et ramenèrent la procession jusqu'à l'église.

Lorsqu'on fut arrivé on laissa encore baiser les reliques à découvert, aux personnes de qualité et aux confrères qui, le matin, n'avaient pu en approcher. Après cela on mit le procès verbal de la cérémonie dans la châsse qu'on scella de plusieurs sceaux et on acheva de la couvrir du reste des plaques ciselées de vermeil doré dont la vieille était couverte. On voit sur ces plaques la figure de saint Marc et au bas est écrit : " Marcus sacerdos, discipulus P. petri apostoli. " On ne peut imaginer la dévotion qu'ont fait apparaître les peuples en cette occasion.

 

LE DAIS

Au nombre des ornements de l'église de Limours, on voit un dais de velours cramoisi qui a été donné, en 1757, par la Reine, femme de Louis XV, sur l'exposé que les habitants lui firent par le placet dressé par l’auteur du Moulin à vent dont voici copie :

 

A la Reine,

Madame, Les curés, marguilliers et habitants de la paroisse de Limours, prennent la liberté d'exposer à Votre Majesté, que leur église manque d'un dais pour les processions de la Fête-Dieu ; celui qu'ils tenaient de la libéralité d'anciens seigneurs de Limours est absolument hors d'état de paraître, que la fabrique est si pauvre qu'elle n'a pu et ne pourra jamais s'en donner un, c'est ordinairement à la piété de la dame du lieu que les fabriques pauvres ont recours ; le comté de Limours appartient au roi et ses habitants ont par conséquent l'honneur d'avoir Votre Majesté la plus grande et la plus pieuse Dame royaume, ce qui leur fait espérer qu'elle voudra bien écouter favorablement la prière, qu'ils prennent la liberté de lui faire très humblement, de faire présent d'un dais à Dieu en son église de Limours ; les voeux qu'adressent au ciel, par devoir et par amour, les sujets du royaume pour Votre Majesté, augmenteront encore de ferveur dans église, où les habitants auront sous leurs yeux une précieuse, faveur de leur Reine.

 

LE PRIEURÉ DU COUVENT DE PICPUS

Il subsiste à Limours un prieuré simple que l'abbé de Bourgueil y avait établi pour desservir la cure, lors de la donation qui lui fut faite de l'église par Geffroi, évêque de Paris, en 1091, comme il a été ci-devant dit ; ce prieuré est dit revenu de 1.200 livres ; c'est par erreur que le dictionnaire de la France lui donne un revenu de 6.000 livres. Il serait bien à souhaiter que ce prieuré fût réuni à la cure, qui est fort modique ; il est scandaleux de voir celui qui travaille la vigne du Seigneur réduit à une portion congrue que lui paye un bénéficiaire qui ne fait rien.

Nous avons dit aussi qu'il y a, à Limours, un couvent de pénitents du tiers ordre de saint François, plus connu sous le nom de Picpus, qui leur vient de ce que leur première Maison est établie à Paris, dans un quartier appelé Picpus, comme les Jacobins ont pris le leur de leur premier établissement dans la rue Saint-Jacques ; ce titre de pénitents pouvait avoir une signification réelle lors de l'établissement, mais à présent ils ne sont rien moins que pénitents (V. L’Histoire du Tiers-Ordre, éd.de 1667, p.616.)

Ce couvent fut fondé par Philippe Hurault, connu sous le le nom de Chancelier de Chiverny, lors seigneur de Limours ; Gaston de France, frère de Louis XIII, qui posséda depuis le comté de Limours, fit aussi beaucoup de bien à ces Pères . ils avaient pour leur fondation 1.000 livres de rente à prendre sur le domaine de Limours, mais le cardinal de Richelieu, pendant qu'il posséda cette terre, fit réunir à cette maison un prieuré en Picardie, sous la condition que le comté de Limours demeurerait déchargé de la rente ; ce prieuré rapporte actuellement (1777) 4 à 5.000 livres; outre cela, ces Pères possèdent fine ferme à Chaumusson, paroisse de Limours, qui est affermée 1.000 livres, ils ont encore les messes qu'ils vont dire l'été dans les châteaux des environs, ce qui leur produit plus de 4.000 livres ; et comme ils ne sont que six religieux dans cette maison, ils y mènent une vie fort commode. aussi ont-ils renoncé à la quête ; leur maison est vaste, bien bâtie et dans la situation la plus agréable du lieu.

Il existait à Linas, sous Montlhéry, une maladrerie on léproserie, dans laquelle seize paroisses avaient droit de mettre leurs malades et Limours était de ce nombre; les revenus de cette maladrerie ont été réunis à l'Hôtel-Dieu de Montlhéry par arrêt dit Conseil du 31 août 1697. L'on voyait encore il n'y a pas longtemps la chapelle qui restait des bâtiments de cette maladrerie ; elle a été détruite lorsque l'on a redressé la route d'Orléans depuis Linas jusqu'à Arpajon, ci-devant Châtre.

 

CONSISTANCE DE LA TERRE DE LIMOURS

La terre de Limours, titrée comté, consiste en la seigneurie de Limours, la seigneurie et paroisse de Molières.

La seigneurie et paroisse de Gometz-le-Châtel dit Saint-Clair, les fermes et fiefs de Roussigny, de la Besnerie et du Jardin, et en la suzeraineté sur la terre et seigneurie de Bure, sur celle de Saint-Jean-de-Beauregard et sur les fiefs du Pomeret, du Fay, de Chaumusson, de Pecqueuse, de la Grange-Saint-Clair, de Grignon, de Ragonan, de Quincampoix, de Belleville, de Baudreville, de la Boulaye, de Frileuze-le-Rouge, de la Haquinière, de la Folie-Rigault, du petit Palaiseau sis à Saint-Clair, du Ménil, de la CroixBlanche, de Soligni, de la Grand-Maison, de Frileuse-les-Briis et du Val-Ménil dans Limonus qui est la maison et parc de M. de Chavanne.

 

LES SEIGNEURS DE LIMOURS

Filiation des seigneurs de Limours. - Le plus ancien que ces titres fassent connoître, est un Gautier de Limors dans le rôle des feudataires de Montlhéry fait sous Philippe-Auguste, il y déclare qu'il étoit homme lige du roi et devoit deux mois de garde au château de Montlhéry à cause de sa terre de Limors.

On trouve un Lambert de Limoux qui apposa son sceau à un traité de paix entre Saint Louis et le comte de Foix l’an 1229 (V. Les preuves de l’ Histoire de Monmorency, p. 404)

 

JACQUES DE MONTMORT

Après une lacune d’environ un siècle, il se présente Jacques de Montmort, chevalier, chambellan du roi, gouverneur du Dauphiné, seigneur de Briis, Vaugrigneuse, Limours et Trappes, où est sa sépulture, dont 1'épitaphe marque son décès en 1397, ainsi qu'il est ci-devant rapporté à l’occasion de la châsse de Saint Marc.

La terre de Limeurs fut apparemment possédée par des étrangers tout le temps que le roi d'Angleterre fut maître d'une grande partie du royaume, sous Charles VII.

Charles de Carnazet et Claude de Cantelu sa femme la possédait en 1480.

 

JEAN HURAULT

Jean Hurault, maistre des requestes, acquit pour, Jean Poncher, son beau-frère, trésorier des guerres en 1515, de Pierre de Blecourt et de Claude de Cantelu, sa femme, veuve en premières noces de Charles de Carnazet, les droits que cette Dame avait sur, la terre de Limours, et le dit Jean Poncher acquit ensuite par échange les droits qu'avait, sur cette même terre René de Carnazet, frère et seul héritier de Charles son frère, en 1516.

Ce fut du temps de ce Jean Poncher qu'a été bâtie l'église paroissiale qui subsiste aujourd'hui. (V. le volume des Bannières du Châtelet, fol. 38)

Ce fut, aussi de son temps que le roi François Ier permit de tenir un marché tous les jeudis et deux foires, l'une à la saint Marc et l'autre à la saint Michel, dans le bourg de l.imours. (Ceci ferait croire que Saint Michel était le second patron du temps de l’ancienne église)

En 1519, le même roi lui accorda la haute justice, le scel aux contrats et le tabellionnage, en place de sept livres, dix sols de rente qu'il avait droit, de prendre sur le domaine de Paris.

(V. Comptes de l’Ordinaire de Paris-Sauval. T.3 p.600)

(En décembre 1518, François 1er avait cédé par lettres patentes à Jean Poncher, la Haute Justice, scel et tabellionnage qui lui appartenait à Limours. Arch. Nat. Chambre des Comptes F.L.)

Il fit hommage de cette terre en 1533 et en 1536 ; le roi lui permit d'ajouter un pilier aux deux qu'il avait déjà à ses fourches patibulaires. On ne sait aujourd'hui où elles étaient placées, à moins que ce ne soient des piliers démolis que l'on voit près des bois de Marcoussis passé Beauregard, en allant à Bellébat dans la plaine sur le bord du chemin qui vient de Chevreuse et conduit à Arpajon.

Jean Poncher étant mort deux ans après, ses héritiers, pour demeurer quittes de ce que ce trésorier avait reconnu devoir au roi, lui cédèrent tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur la terre de Limours à cause de Catherine Hurault, leur mère, moyennant une somme de 40.000 livres en 1339 (V. Mémorial de la Chambre des Comptes)

 

LA DUCHESSE D'ETAMPES

Cette même année, Anne de Pisseleu, (Elle était la maîtresse de François 1er) duchesse d'Étampes, femme séparée de biens de Jean de Bretagne, se rendit adjudicataire, par arrêt de décret, de la terre de Limours ; nonobstant cette adjudication, on lit au Mémorial de la Chambre des Comptes, qu'au mois de septembre 1545, cette terre fut donnée à cette Dame par le roi François Ier.

Ce fut cette duchesse d'Etampes qui bâtit le superbe château de Limours, tel qu'il est représenté dans la topographie de Châtillon (folio 10). (L’abbé Leboeuf cite reg. Parl. 27 septembre 1518. Nous reproduisons Chatillon ici)

 

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Le séjour de Limours était si agréable à François Ier qu'il le choisit pour y dissiper l'ennui que lui causa la mort d'Henri VIII (25 janvier 1547), roi d'Angleterre, et les accès de la fièvre lente dont il fut attaqué quelques temps avant sa mort. (V. Mémoires secrets de l’Histoire de France t.1 p. 132)

 

DIANE DE POITIERS

Après la mort de François Ier, arrivée à Rambouillet le 31 mars 1547, la duchesse d'Etampes fut accusée d'avoir trahi l'Etat, en informant l'Empereur Charles V, que c'était dans Vitry qu'étaient les munitions de notre armée dont il s'empara, et on la força, pour sauver sa tête, de vendre la terre de Limours à Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois (Maîtresse de Henri II).

En 1563, la terre de Limours appartenait à Françoise de Brézé, duchesse douairière de Bouillon comme héritière de Diane de Poitiers (Des lettres-patentes d'août 1568, de Charles IX, portent confirmation du don de la terre de Limours de la duchesse de Valentinois, en faveur de Claude de Lorraine, duc d’Aumale, etc. Arch. Nat. Chambre des Comptes (F.L.)

En 1597, cette terre fut vendue par Marguerite de Lorraine, duchesse, douairière de Joyeuse, à Philippe Hurault, comte de Chiverny, chancelier de France, et Marguerite Poncher, sa femme ; ce fut. cette dame qui élablit et fonda les Picpus à Limours, suivant le contrat de fondation passé devant...

 

RETOUR DES HURAULT

Après la mort du chancelier de Chiverny, arrivée en l599, Limours fut possédé par Louis Hurault, son fils.

Ce Louis Hurault fit, en 1601, l'acquisition de la baronnie de Gometz-le-Châtel, et la réunit à la terre de Limours, qui fut érigée en comté par Lettres registrées au Parlement, le 23 mai 1607.

 

LE CARDINAL DE RICHELIEU

Par contrat du 6 avril 1623, ce Louis Hurault et la dame son épouse, vendirent le comté de Limours à son Eminence

Armand, cardinal de Richelieu ; il fit au château beaucoup d'embellissements en peintures, statues et fontaines, de manière qu'il égalait les plus magnifiques de France.

Il établit dans le bourg de Limours, un marché par semaine, et quatre foires par an.

Il fit amortir les 1.000 livres de rente dont le comté de Limours avait été chargé pour la fondation des RR. PP. Picpus, en leur réunissant un prieuré en Picardie, comme il a été ci-devant dit.

 

GASTON D'ORLÉANS

Gaston de France, duc d'Orléans, jouissant du comté de Montlhéry, ayant requis Louis XIII, son frère, de vouloir bien, par augmentation de son apanage, l'accommoder du comté de Limours, comme étant un lieu propre à y faire sa résidence, le cardinal de Richelieu disposé, ce sont les propres termes exprimés dans le contrat, en cela comme en toutes choses à obéir à la volonté de Sa Majesté, vendit au Roi, par contrat devant Beauvais, notaire au Châtelet de Paris, le 23 décembre 1626, le comté de Limours, avec toutes ses dépendances, moyennant 315.000 livres, et en outre Gaston paya au cardinal une somme considérable pour les embellissements qu'il avait fait faire au château et les meubles. (Mémoires imprimés 1685, Amst. P. 73 (citation de l’abbé Leboeuf), l’étude Beauvais est aujourd’hui l’étude Jozon Emile-Alexandre)

Le loi accorda à son frère la confirmation du marché et des foires établies en 1626 et lui donna de plus les droits d'étapes dans le bourg de Limours, nonobstant un arrêt du Parlement du 6 février 1631, ce qui fut enregistré le 7 septembre 1644.

Gaston d'Orléans avait fait commencer beaucoup de travaux pour l'embellissement du château, mais qui restèrent imparfaits par son exil à Blois, où il resta jusqu'à sa mort, qui arriva le 2 février 1660.

Après sa mort, sa veuve, Marguerite de Lorraine, jouit du comté de Limours pour partie de son douaire, ce qui lui fut confirmé par Louis XIV, par lettres patentes registrées le 6 juillet 1666.

 

LES LAMOIGNON

Cette duchesse douairière d'Orléans étant morte en 1672, le comté de Limours fut réuni à la couronne et M.M. de Lamoignon, dont la terre confine à celle de Limeurs; demandèrent à Louis XIV et furent établis par lui gouverneurs du château et capitaines des chasses.

Les choses sont, restées en cet état jusqu'au mois d'août 1766, que le roi Louis XIV ayant besoin du château de Clagny, situé dans Versailles, appartenant à M. le comte d'Eu, lui donna en échange, entre autres terres, le comté de Limours, par lettres patentes en forme d'édit, portant ratification du contrat d'échange passé devant Vanin, notaire à Paris, le 19 juillet de la dite armée 1766. (Vanin aujourd’hui étude Cabaret. Le dossier de l’échange est aux Arch. Nat. Canton de Limours)

 

LE COMTE D'EU

Ce fut le fameux chancelier Maupeou qui fit comprendre le comté de Limours dans les objets donnés en échange à a M. le comte d'Eu, afin de le faire passer par vente convenue à M. le président de Lamoignon-Montrevault, son oncle, dont il espérait être le légataire universel ; mais son opération contre les Parlements lui fit manquer ce legs.

 

MONTREVAULT

En effet, M. le comte d'Eu vendit le comté de Limeurs à M. de Montrevault, par contrat passé devant Raince et Fourcault de Pavant, notaires à Paris (Auj. étude Devès), le 15 juillet 1768, pour la somme de 470.835 livres, à quoi ce comté avait été évalué par les commissaires de la Chambre des Comptes de Paris, avec stipulation que le prix demeurerait par privilège primitif sur le comté, jusqu'à ce que (aux termes des contrats d'échange et lettres patentes de confirmation) M. le comte d’Eu eut fait acquisition d'une terre sur laquelle les substitutions pussent être transférées.

 

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COMTESSE DE BRIONNE

M. le Président de Montrevault étant mort, sa veuve, Marie-Renée de Catinat, et ses héritiers collatéraux poursuivirent la vente par licitation au Châtelet de Paris, du comté de Limours et, par sentence du 18 mars 1775, S.A. Madame Louise-Constance de Rohan-Montauban, veuve de S. A. Monsieur le comte de Brionne, grand écuyer de France, en est restée adjudicataire, moyennant 782.000 livres.

(La terre et ferme de Pivot furent achetées par la comtesse 30.000 Livres le 8 août 1775, de Hugault habitant la Martinique qui en était propriétaire depuis 1764 (Homet Not. A Paris) Le titre est aux Arch. De Seine et Oise, dossier Brionne émigrée. Cette propriété qui appartint à la famille Trépagne est en ce moment à M. Ch. Lhermitte (F.L.)

Madame la comtesse de Brionne fait réparer le château qui avait été fort négligé. Elle a fait détruire le bâtiment de face qui s'étendait d'une tour à l'autre, le premier étage de ce bâtiment consistait en une salle de bal de 14 toises de long sur 31 pieds de large; il était l'ouvrage de Philibert Delorme, aumônier ordinaire du roi Henri II, abbé de Saint- Éloy-lez-Noyon et célèbre architecte sous les règnes de François Ier, d'Henri II et de Charles IX. Il fit ce bâtiment pour Diane de Poitiers alors comtesse de Limours : ce fut à cette salle de bal qu'il employa pour la première fois sa nouvelle et curieuse invention des combles en planches assemblées, sur laquelle invention il fit un livre in-folio imprimé avec figures chez Frédéric Morel, en 1561, dédié à Charles IX.

Le sieur Bourgeois, architecte, chargé de détruire cette salle de bal, a conservé les dimensions du comble et en a fait exécuter de semblables en plusieurs endroits de la Touraille où il s'est fixé.

Les sieurs Legrand et Molinos, architectes, qui ont eu connaissance de ces combles soit par l'ouvrage de Delorme, soit par le sieur Bourgeois, s'en sont servis pour faire la charpente de la coupole vitrée qui couvre la halle à la farine, à Paris, dont ils ont confié l'exécution au sieur Roubaut, maître menuisier.

Cette coupole fait aujourd'hui l'admiration des connaisseurs et des curieux : ces Messieurs ont eu la modestie d'eu faire hommage à l'inventeur Philibert Delorme par une inscription posée dans l'intérieur de cette halle.

 

VERS, PAR L'AUTEUR DU MOULIN A VENT, A S. A. MADAME LA COMTESSE DE BRIONNE

Sur l’étymologie du nom de Limours.

 

Ce qu'on nous disait de Limours

Qu'il tirait ce nom des amours

N'émit que conjecture,

Mais aujourd'hui la chose est sûre

Car c'est la mère des Amours

Qui règne à présent à Limours.

 

Il y a, à Limours, un baillage ressortissant au châtelet de Paris, du temps que le comté de Limours appartenait au roi, ce baillage était royal, mais néanmoins ressortissant au Châtelet, de ce temps-là il était composé de M. de Lamoignon-Montrevault, président au Mortier du Parlement, bailly, d'un lieutenant général, d'un procureur du roi, d'un greffer et d'un notaire royal.

(Aux archives de Versailles, le baillage de Limours n’est pas classé ; le district de Versailles, dont fait partie Limours (1790-1795) l’est (F.L.)

Lorsque M. de Montrevault est devenu propriétaire du comté de Limours, les offices de lieutenant général, de procureur du roi, de greffer et de notaire royal ont été supprimés et remboursés aux propriétaires par le roi.

Ce baillage est à présent seigneurial et est composé d'un bailly, d'un procureur fiscal, d'un greffier et d'un tabellion, tous tenant leurs provisions de S. A. Madame la comtesse de Brionne, comtesse de Limours ; quant aux procureurs postulants et aux huissiers, ils sont nommés par le bailly et immatriculés au greffe du baillage.

A ce baillage ressortissent par appel les sentences de la justice de Bure, de celle de Saint-Jean-de-Beauregard et de la prévôté de la seigneurie du Pommeret qui appartient à M. de Chavanne.

Nous avons précédemment dit que conformément à la déclaration du roi, du 10 mars 1776, il avait été fait un nouveau cimetière hors l'enceinte de la ville qui a été béni par M. l'abbé Guillot de Mondésir, prieur de Limours, délégué à cet effet par Monseigneur l'Archevêque de Paris, le 30 mai 1779. L'ancien qui était au-devant du portail de l’église paroissiale a été interdit et est destiné à former une place publique pour la commodité et pour l'agrandissement du marché.

0n voit, dans ce nouveau cimetière, une croix de pierre que le sieur P…, auteur du Moulin à Vent, a demandée; il l'a fait transporter et poser à ses frais et il y a fait mettre l'inscription que voici, qui apprend d'où elle est tirée :

CETTE CROIX DÉCORAIT L'ANCIEN BATIMENT DE LA FONTAINE DU TRAHOIR A PARIS AU COIN DES RUES SAINT-HONORE ET DE L'ARBRE-SEC ; CETTE FONTAINE AYANT ÉTÉ RECONSTRUITE LA PREMIÈRE ANNÉE DU RÈGNE DE LOUIS XVI, LA CROIX N'A PLUS CONVENU AU NOUVEAU BATIMENT ; SA MAJESTE A BIEN VOULU L'ACCORDER POUR CE NOUVEAU CIMETIERE FAIT EN 1778.

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